Birdy

AFBO-BirdyPriorité  à la parole de nos protégés. Je reviendrai plus tard sur l’actualité récentes que je n’ai pas encore commentée, il n’y a aucune urgence.

Je vous invite à lire l’histoire de « Birdy » que devraient lire également les habituels « avocats commis d’office » qui se sont emparé de notre maladie sans nous prévenir…

Merci de l’accueillir avec bienveillance.

Témoigner… Parler du burn-out… Du sien…
Dire comment on a « brûlé dehors »… Et dedans…
Comment l’on s’est consumé.

Un grand feu au départ (accumulés au fil des mois, les accélérateurs de feu ont rempli leur office !). Et c’est parti d’un coup, en grandes flammes dévastatrices…Ensuite, des braises se consument lentement…Le feu n’est pas éteint, il repart parfois quand le vent est fort.

Puis, doucement, par étapes (parfois ponctuées de quelques rechutes…), renaître de ses cendres même si l’on a perdu quelques plumes au passage. Qui sait ? Sûrement repousseront-elles plus belles ! Nous sommes tous et toutes des phénix.

Un médecin et un psychologue, que j’avais consultés à l’époque, m’avaient conseillée de tenir un journal, de tout noter, de tout garder…

Aujourd’hui, cinq ans plus tard, je l’ai parcouru pour témoigner ici de ma propre expérience. Des pages et des pages… Je ne vais quand même pas vous imposer tout ça… Quoique… Mon récit sera long, il faut m’en excuser mais, en le relisant, je me suis rendu compte que tous ces détails, ces enchaînements, ces incidents successifs ont tous leur importance.

Donc, vous n’y couperez pas… Veuillez m’en excuser.

Après une expérience (heureuse) de vingt ans en Santé Mentale, en milieu hospitalier, j’ai fait le choix, en 2002, d’intégrer un centre médico-social associatif. J’ai tout d’abord exercé comme infirmière, puis ai rapidement « fait fonction » de directrice adjointe avant d’être enfin nommée au poste en 2007. Il s’agit d’une association départementale, petite structure dépendant d’une grosse (et célèbre…) association nationale. J’étais parfaitement épanouie (et reconnue, voire encensée) dans ce poste.  La roche Tarpéenne est proche du Capitole…

Antérieurement, il y avait eu des difficultés mais globalement la situation était satisfaisante.

Quoique… Forte charge de travail s’accumulant d’année en année, problèmes récurrents (par exemple, lorsque je devais rendre un dossier de demande de subvention, je n’avais jamais mes statistiques à temps, je les obtenais généralement en fin de semaine, juste avant la date limite et devais y travailler tout le week-end… voire parfois quelques nuits : dans le milieu de la Santé, si l’on n’obtient pas les subventions, c’est l’usager qui trinque…Alors, avec un brin de conscience professionnelle, on rattrape le coup et le dossier part à temps… au petit matin, juste avant l’heure limite de dépôt !).

Pas bien normal tout ça, hein ? Je vois venir certains commentaires (oh, pas les vôtres, vous aussi avez-vous du les subir : « surinvestissement ! »… Et alors, ai-je envie de répondre à tous ces pontifiants, faudrait savoir ! Ne nous demande t’on pas d’être motivée (avez-vous déjà passé un entretien d’embauche ou l’on vous demande d’être désinvesti ???).

Le climat relationnel entre le directeur et moi s’est dégradé progressivement à compter d’août 2011.

Il habitait à plus de 100 km de la structure. Non assujetti à horaire, il arrivait généralement en milieu de matinée le lundi, partait souvent le vendredi en début d’après-midi et travaillait à son domicile le mercredi… En plus de mes tâches j’assurais donc son remplacement sur ces temps et durant ses congés. A moi de gérer ses absences de derniers moment, pour cause de bouchons sur la route ou autres. Un exemple parmi tant d’autres : j’ai du me rendre à une formation qu’il avait initialement montée et devait animer. Ce jour là, je souffrais d’un claquage au mollet et suis arrivée avec mes béquilles! (et oui, mon corps me criait clairement que j’étais au bout du rouleau !). Je n’ai pas entendu, à fond dans mon job, « marche ou crève ! ». Bonne élève ? Ben oui… Ces formations aussi finançaient nos activités et nos postes de soignants…

J’ai aussi du rédiger des rapports d’activités sur des congés… Faut-il être aveugle ! Mais le travail administratif, les contrôles, les audits étaient de plus en plus fréquents. Les mails arrivaient et les délais étaient courts.

En matière de ressources humaines je me suis souvent chargée de dossiers épineux. Le bon directeur était, clamait-il « pour la paix sociale »… Et de fait, quand il y avait un problème dans l’équipe, j’étais envoyée au front. A moi de faire les gros yeux et de me faire mal voir… Mais bon, N+1, quand on signe le contrat, on sait bien que cela arrive, sans avoir conscience d’ailleurs d’être le fusible désigné. Tiens ? Je n’avais pas fait le rapport : un fusible, ça grille !

Sur un plan général, il m’était difficile de me projeter dans l’avenir : un jour mon directeur évoquait un possible départ à l’étranger et m’assurait de son soutien pour que je sois promue directrice, un jour, il postulait à proximité de son domicile et me tenait le même discours, puis au gré des fluctuations politiques locales envisageait un regroupement de structures avec un département voisin où il serait directeur adjoint aux côtés de son collègue (et je me posais alors évidemment la question de mon devenir !).

Suite à une visite de conformité de notre ministère de tutelle, son manque de diplôme a été mis en avant. Je comprends tout à fait qu’il ait été profondément blessé, puisqu’il exerçait cette fonction depuis 20 ans… Tantôt il paniquait et voulait tout faire, tout gérer (ce qui n’était pas son habitude puisqu’il me déléguait énormément de choses…), tantôt il semblait se désinvestir. Il me demandait parfois de le « couvrir », inventant de pseudo rendez-vous pour rentrer chez lui. Peut-être était-il, lui-même, au bord du burn-out… On peut comprendre… Pardonner est un peu plus difficile, je n’y suis pas encore arrivé d’ailleurs…

Le mois de janvier 2012 a été extrêmement pénible. Il s’agit d’une période de demande de subventions. Notre comptable est tombée gravement malade. Il a fallu la remplacer et former la nouvelle (ce à quoi je n’étais pas compétente, c’est donc le directeur qui s’en est occupé au détriment de ses propres tâches, qu’il me déléguait donc). De plus, l’association nationale avait mis en place un nouveau logiciel pour les statistiques. Celui-ci ne fonctionnait pas. La secrétaire s’était occupé de rentrer les statistiques concernant les dossiers que traitait le directeur mais ne s’était pas occupé de mes dossiers : j’ai donc du tout faire à la main, en plus de mes tâches habituelles dans un climat épouvantable d’ordres et de contre-ordres permanents.

De plus, tout était traité dans l’urgence, sans recul, sans prioriser. Nous nous retrouvions plusieurs déléguées sur le même dossier, ce qui n’était pas efficace. J’ai eu droit à de nombreux reproches (ce qui n’avait jamais été le cas), des reproches parfois même anticipés, c’est à dire qu’il me reprochait que je n’allais probablement pas penser à une chose que j’avais à faire ! Ben voyons…

Il est clair que ce surcroît de travail le dérangeait dans ses habitudes. De fait il m’en demandait de plus en plus. Il me faisait revenir après ma journée de travail à l’extérieur pour accueillir le trésorier (alors qu’il était sur place), me retenait systématiquement dans son bureau au moment de la pause déjeuner, me reprochait une coupure (sur une journée de 9h30). Ce qui ne l’empêchait pas le lendemain de me laisser le travail en prenant un jour de congé… Il pénétrait dans mon bureau et je devais tout lâcher pour une demande anodine…

J’ai vraiment tenté de tenir le coup, coûte que coûte, pour l’équipe et la structure. La semaine précédant le clash nous avions une Commission exécutive. Il s’y est montré, en public, ironique et blessant à mon endroit, au point que je suis partie en sanglots.

La veille de mon arrêt, le climat était similaire. En fin de journée, alors que nous étions seuls je suis allée le rencontrer pour essayer de lui expliquer que ça n’allait pas, que j’avais des ordres et contre-ordres, que je ne pouvais pas avancer dans mon travail. Cela a été pire que tout, je me suis pris une volée de bois vert : « je n’étais pas compétente, j’avais sûrement des problèmes dans ma famille, je devais tenir le coup ». J’avais aussi abordé le problème de statistiques, il m’avait répondu que « j’embêtais tout le monde avec mes statistiques, tant pis si l’activité ne peut pas se faire pendant 2 mois ». Je précise que de ces statistiques dépendent les subventions et les postes… Et que le ministère n’attend pas.

J’ai du m’arrêter le lendemain. Impossible de partir, de démarrer la voiture pour aller au boulot. Là, c’était clair, mon corps et mon cerveau ne suivaient plus cette détermination farouche qui durant des semaines m’avait poussée à y aller coûte que coûte. Le feu était mis au bûcher…

Le burn-out, dans ce que j’appellerai sa période aiguë, est quelque chose de très pénible : je ne dormais plus ou très peu, je pensais sans arrêt au travail et cela dure des semaines entières. On brûle littéralement de l’intérieur, comme une chaudière en surchauffe. On ne maîtrise plus ses pensées qui tournent en boucle, jour et nuit autour du travail. Le cerveau s’emballe. Troubles de l’attention, troubles de mémoire immédiate. Sentiment de devenir fou. Le tout saupoudré, que dis-je « saupoudré » ? Non, le tout « écrasé » d’une chape de culpabilité.

On ne comprend pas ce qui nous arrive. On ne se reconnaît plus.

Mon médecin me met bien évidemment en arrêt de travail et me reçoit plusieurs fois. Il me conseille de prendre, de moi-même, rendez-vous à la médecine du travail. J’y vais et suis reçue le jour-même et d’autres RV sont programmés. Le médecin du travail, attentif, me fait passer des tests. Le burn-out est avéré et sévère. Il me donne les coordonnées d’une association locale qui s’occupe de souffrance au travail.

Je rencontre cette équipe un mois plus tard. Je vois un médecin et un psychologue, en un long entretien. Grande qualité d’écoute. Eux aussi mettent des mots sur mon mal-être et confirme le diagnostic. Je me sens moins « coupable » (mais du coup, ce qui semble finalement assez sain avec du recul, en colère vis-à-vis de mon employeur !). Il m’est alors conseillé de faire une déclaration d’accident du travail et d’informer les administrateurs de ce qu’il se passe avec la direction.

Entre temps, courant février, je reçois plusieurs mails de la direction qui réactivent mes difficultés. J’en informe la médecine du travail et l’on me dit de ne pas les ouvrir et d’informer la direction. Je le fais, par mail, en expliquant ce qui l’en était.

Mon médecin traitant me fait le certificat d’accident de travail. Mais, bêtement, je ne l’utilise pas, ainsi que je ne contacte pas le président de l’association où je travaille, ne voulant pas mettre la pagaille dans la structure et espérant que les choses s’arrangeront avec le directeur. J’ai longtemps cru que ça allait s’arranger…

Je suis assez vite convoquée au service médical de l’assurance maladie. Le médecin semblait très intéressé par le burn-out. Il a été aidant, lui aussi.

Entre janvier et mars 2012, je vois régulièrement un psychologue privé. Cela m’aide beaucoup (mais ça coûte cher…). J’arrive à prendre du recul, à dompter mes pensées, à fourbir mes armes pour la reprise et les nécessaires négociations autour de ma charge de travail. Je reprends mes loisirs, je respire. Je vais mieux…

Et, à la mi-avril, je me sens bien et prête à reprendre. Mon médecin modère mon enthousiasme et, en accord avec le médecin du travail, me propose un mi-temps thérapeutique.

Fin avril, j’informe avec joie le secrétariat de ma reprise le 14 mai et lui demande de transmettre à l’équipe. Le contact est jovial et semble indiquer que mon retour est attendu. Dans le même temps j’adresse un mail au directeur, demandant quels seront mes horaires, les missions à privilégier à mon retour. En réponse, je reçois un courrier du directeur avec juste quelques missions ponctuelles fixées jusqu’au 4 juin. Il me dit être en congés et en déplacement jusqu’à la fin du mois et qu’il est impossible de me voir avant début juin

Le jour de mon retour, je ne vois pas le directeur pourtant présent dans la structure… Je rencontre l’équipe qui me fait bon accueil et vais à ma visite médicale de reprise. Le médecin me dit trouver que j’ai fait un énorme travail, que je vais très bien et me déclare apte.

Sans aucune nouvelle de la direction, je poursuis les tâches qui m’avaient été demandées et adresse un mail de consignes concernant ces dossiers. Aucune réponse. Je prends les congés que le directeur m’avait demandé de poser fin mai.

Je reprends le 30 mai. Le directeur, présent le matin, arrive bien après moi. Il ne passe pas me saluer comme il est habituel depuis des années. Le bureau est fermé. Comme il m’avait indiqué dans son courrier ne pas être disponible, je n’ose le déranger… Le même jour, à 19h passées, alors que nos bureaux se jouxtent, je reçois de lui un mail (!) qui me fixe RV de reprise le 8 juin…

Le 30 et le 1er juin, je poursuis mes travaux. J’apprends par le comptable que les horaires convenus par mail avec le directeur ne sont pas ceux de l’avenant de mi-temps thérapeutique, avenant que ce dernier doit me faire signer (j’anticipe, mais ce document, il me sera demandé de la signer lors de mon entretien de licenciement !!!).

Le 4 au matin, j’apprends que le directeur, véritable Arlésienne, ne sera pas à la réunion prévue avec l’équipe et moi-même ce même jour. Je commence à me dire qu’il m’évite !

Dès ce ce jour, je n’ai plus aucune mission confiée et n’ai eu, depuis mon retour aucune consignes sur les derniers mois en ce qui concerne l’administratif, les soins, ou les dossiers en cours. Je vis très mal cette inactivité subie et le fait que le directeur semble me fuir. Deux jours sans boulot, on gère. On sourit, on va sur internet, on passe le temps… Mais bon, à la longue…Craignant de craquer j’appelle la médecine du travail. Le feu couve de nouveau sous les braises…

Le lendemain, le directeur est présent mais, c’était prévisible, invisible pour moi. Je n’ai pas de travail, me sens mal « au placard » et parfaitement inutile. J’informe la déléguée du personnel de mes conditions de reprise et de mon mal-être. Je n’aurai pas de réponse…

Très mal le lendemain, je suis de nouveau en arrêt de travail.

À la mi-juin 2012, je reçois un courrier du directeur en recommandé avec accusé de réception, signalant des manquements à mes missions (les statistiques !) mais aussi en matière de management et me reprochant des choses fausses. Il me donne rendez-vous le 29 juin.

J’appelle le médecin du travail qui me reçoit le lundi 18 et constate la teneur du courrier. Elle me conseille de répondre et d’aller à l’Inspection du Travail pour harcèlement.

Je m’y rends. On me conseille de préparer un dossier de harcèlement moral et on me dit de m’appuyer sur le médecin du travail et d’informer le président de l’association. Je fais partir un courrier de réponse au directeur et une simple lettre avec photocopie des courriers et demande de RV.

Le 21 juin, une réunion avec l’équipe (dont je n’aurai connaissance, par indiscrétion, que le 26 à mon retour) aurait été provoquée par l’infirmier délégué du personnel le 21 juin à mon sujet. Il s’y serait montré particulièrement virulent à mon endroit et aurait annoncé à l’équipe que je n’aurai plus de rôle hiérarchique retour. Cette décision relevant, quoi qu’il en soit, de la direction, la méthode et le rôle pris par le délégué du personnel, me semblent sujets à questionnements et l’implication de la direction évidente (bien que le directeur n’ait pas été présent à cette réunion).

Le 22, je reçois un appel de l’autre déléguée du personnel qui dit vouloir me prévenir que « mon retour serait difficile et qu’il fallait que j’en sois informée pour prendre des décisions en conséquence (?) ». Me dit « que l’équipe ne souhaite plus mon retour, que des gens se sont plaints de moi ». Elle me confie en outre ne pas pouvoir m’assister dans mes démarches en raison de sa proximité amicale avec la directrice… Bon… Le feu ne couve plus sous les braises mais les flammes surgissent…

Le lundi 25 juin, veille de mon retour, je reçois un mail des délégués du personnel (mail adressé à toute l’équipe) avec compte-rendu d’une réunion qui aurait eu lieu le 7 juin. Il y est clairement énoncé que des membres de l’équipe se sont plaints de moi.

Outre l’aspect imprévisible (je n’ai jamais eu de remarque en ce qui concerne mon management depuis 5 ans), je trouve extrêmement blessant d’être prévenue ainsi.

Le mardi 26 juin, à mon retour j’apprends, par une collègue, la tenue de la réunion du 21 juin. Elle me confie que « cela ne devait pas m’être dit » mais trouve aberrant qu’une décision soit apprise à l’équipe avant même que je puisse m’expliquer et surtout en avoir connaissance. J’apprends donc, à ce moment seulement la teneur de cette réunion. Je suppose que le directeur devait me l’annoncer le vendredi, jour de mon « entretien de reprise à mi-temps thérapeutique ».

Autrement dit, alors que je reviens de maladie, il semble déjà décidé que je ne serai pas reconduite dans mes fonctions et que tout est décidé par avance sans que je n’aie rien à dire.

Profondément blessée, je me sens humiliée, mise au placard, discréditée vis à vis de l’équipe et poussée à la démission. Mal, je suis contrainte de quitter mon travail à 11h. Je revois mon médecin traitant qui constate l’aggravation sérieuse de mon état et je suis de nouveau arrêtée pour un mois. Je préviens la médecine du travail. L’incendie a redemarré…

Le 28 juin, je reçois le courrier du président qui me donne rendez-vous le 6 juillet. Le 1er juillet, je confirme par mail mon souhait de maintenir ce rendez-vous voir bien que je sois en arrêt maladie mais il répond à ce mail en m’informant qu’en accord avec le directeur, le rendez-vous a été annulé… Je reçois en effet un courrier m’informant de cette annulation le lundi 2 juillet.

Dans le même temps, je connais une période financièrement délicate car je n’ai pas touché les indemnités journalières que je devais percevoir durant la période travaillée en mi-temps thérapeutique. Le 27 juin, je me rends à la CPAM et apprends que mon dossier signalant mon arrêt de travail et ma reprise en mi-temps thérapeutique n’a pas encore été transmis par mon employeur. Je contacte la comptable qui m’assure que cela sera fait le jour même.

Sans nouvelle, je me rends de nouveau à la CPAM le 2 juillet : aucune déclaration à ce jour n’avait été faite par l’employeur depuis le 10 mai. Je confie mes difficultés à la conseillère qui appelle-elle même la comptable et signale ce fait à sa hiérarchie. Je recevrais finalement mes indemnités le 11 juillet… A noter qu’une période d’une semaine de congés a été déclarée comme travail à mi-temps thérapeutique (donc indemnisée par la Sécu) alors que les congés doivent, en principe être réglés par l’employeur.

Je revois successivement les 10 puis 13 juillet le médecin du travail et mon médecin traitant. Ce qui s’est passé le 26 juin a fait évolué mon état et a entraîné une dépression. Je suis prolongée en arrêt de travail. L’un et l’autre pensent qu’il sera probablement impossible que je puisse reprendre mon poste dans le climat qui m’y attend et me conseillent, vu mon état de réfléchir à un protocole de rupture conventionnelle et de rencontrer un conseiller de la DDIRECTE.

Le 25 juillet, je revois le médecin conseil de la CPAM. Lui aussi constate l’incidence des évènements de juin sur mon état et me trouve mal, mais il me dit de ne pas prendre de décision hâtive concernant une quelconque rupture conventionnelle : je suis encore trop attachée à mon travail. En parallèle, il me rassure vis à vis de ma situation d’arrêt de travail.

Je rencontre de nouveau un conseiller de la DDIRECTE mais ne suis pas en état de mener sereinement l’entretien. Il craint lui aussi qu’une démarche pour faire valoir mes droits me soit trop pénible actuellement. Nous annulons donc le premier RV pris avec l’Inspecteur du travail. Il m’est de nouveau conseillé de m’orienter vers une rupture conventionnelle, mais le conseiller se trompe sur le calcul de l’indemnité due en ce cas (pour lui, il s’agit de l’indemnité de licenciement conventionnelle -21000€- alors qu’il s’agit de l’indemnité légale -moins de 6000 €-).

De fin juin à septembre, je m’efforce de faire le deuil de ce travail qui me plaît et finalement, j’envoie le 7 septembre un courrier AR de demande de RV pour rupture conventionnelle. J’en envoie copie par mail à la déléguée du personnelle, qui a accepté de m’y assister.

La réponse à ma demande de RV pour rupture conventionnelle est favorable et un rendez-vous est fixé en octobre 2012.

Le début de l’entretien se passe bien. Le directeur est assisté du directeur régional. Nous convenons du principe de la rupture conventionnelle et d’une probable date de départ.

J’expose ma demande (basée sur l’indemnité conventionnelle).

Le directeur régional m’informe que l’association n’est soumise qu’à l’indemnité légale, soit 1/5 de la somme espérée. Mon directeur me propose un supplément ridicule et me dit :
-que je mets la structure en péril pour les postes, que mes collègues risquent d’être au chômage,
– que je ne pourrai pas prouver que j’ai fait fonction d’attachée de direction pendant les deux ans précédant ma nomination,
– qu’il «préfère que je reste en maladie car ça ne coûte rien à la structure».

Ni le directeur régional ni le délégué du personnel n’interviennent à ces propos…

L’entretien se termine sans accord.
Je suis toujours en arrêt de travail à ce moment.

Je rencontre peu après un délégué syndical. Il pointe des fautes par rapport aux comptes-rendus des Délégués du Personnel où ne doivent pas figurer d’éléments concernant personnellement des salariés et autres erreurs dans la diffusion et le contenu de ces réunions. Le courrier de juin me reprochant de faillir à certaines de mes missions semble lui aussi malvenu puisqu’il n’est pas possible de reprocher des faits antérieurs à 2 mois.

Le représentant du syndicat s’étonne du fait que je n’ai pas reçu de versement de la Caisse de Prévoyance (complément de salaire dont je devais bénéficier depuis août). J’échange plusieurs mails avec le service de comptabilité qui me dit que mon dossier est parti le 26 octobre, soit 3 mois plus tard…. Plusieurs informations sont floues ou contradictoires. J’appellerai finalement directement l’URRPIMMEC début novembre : on m’apprendra que rien jusqu’à ce jour n’a été enregistré depuis le 27 juin et l’on me conseillera d’envoyer moi même mes avis de règlements d’indemnités journalières, ce que je ferais donc.

Au printemps 2013 je suis encore et toujours en arrêt de travail. Je supporte très mal cette situation. Le médecin de la sécurité sociale, le médecin du travail et mon généraliste se concertent. La seule solution pour sortir de cette situation pénible est celle d’une déclaration d’inaptitude au poste… Quel terme péjoratif… Mais je n’ai pas le choix, je dois « sauver ma peau » et tourner la page.

Deux visites avec la médecine du travail ont lieu et je suis déclarée  « inapte au poste mais apte à tout poste similaire dans un autre climat relationnel et organisationnel (sic) ».

L’employeur doit, en principe, rechercher des postes pour me reclasser. 4 mi-temps infirmiers me sont proposées dans le nord de la France. Des mi-temps ? Impossible : je suis veuve et ne peut vivre avec un demi salaire ! Pas le choix, je refuse mais, en même temps je découvre sur internet d’autres postes proposés, plus proches et à temps pleins…

Je consulte un avocat spécialisé en droit du travail.

Je suis licenciée en mars 2013 « pour inaptitude au poste ». Il m’a fallu aussi « avaler la pilule », car je vivais mal ce terme terme d’inaptitude mais c’était le seul choix possible pour sortir de cette situation impossible où je « laissais de plus en plus de plumes ».

Je devais donc, pour rebondir, accepter de changer de travail (et faire le deuil de ce dernier).

En parallèle, parcours avocat, prud’hommes…
Remotivée dans ma recherche d’emploi, qui devait, à mon sens être courte vu mon parcours antérieur, j’accepte donc cette rupture et pars de l’avant, gonflée à bloc, de nouveau sûre de mes compétences.

58 ans, trente ans d’expérience… Recherche d’emploi cadre dans des structures médico-sociales dans une période où les subventions sont en baisse… Trop vieille, trop chère et peut-être aussi connue pour avoir, dans une petite ville de province, osé aller aux prud’hommes ! Pas de poste, peu de réponses à mes nombreuses démarches de recherche d’emploi.

Deuxième deuil : accepter n’importe quel poste non cadre (en renonçant ainsi à mes indemnités retraite). Rogner sur mon CV pour ne pas rebuter, etc…

Rien.
L’été 2015, les prud’hommes me déboutent : « manque de preuves ».

Choc.

Et rechute suite à cette nouvelle non-reconnaissance….

Re-parcours de soins.

Il m’a aussi fallu entendre la fragilité, comme conséquence et complication persistante, du moins en ce qui me concerne.

Je redoute la décision de l’appel qui est en cours actuellement. Essaie de la dé-investir, tentant de me contenter de me dire qu’au moins je serais allée jusqu’au bout, même si je suis déboutée. Mais le raisonnement est une chose, le vécu une autre…

Dans 4 mois, en août 2016, je ne serais plus indemnisée par Pole emploi. J’espère trouver un job d’ici là, mais n’ayant jamais cessé de mener des « recherches actives » comme il est dit, je crains de me retrouver dans une situation très difficile.

D’autres personnes sont plus à plaindre : pas de RSA pour moi car je vais pouvoir toucher une petite retraite de mes années dans le public… Mais je dois attendre 62 ans pour prétendre à ma retraite du régime général. 4 années de vaches maigres à l’horizon…

Ceci dit, je vais bien mieux. Je commence peu à peu à me préparer à cette retraite qui, quoique forcée, devrait m’apporter d’autres choses.

Je vais mieux !

J’ai résisté et je revis.

Plus de plomb dans l’aile.

Juste un plumage encore un peu éclairci mais… ça repousse !

Et les nouvelles plumes sont très belles…

Birdy
Publié le 13 mars 2016.