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L’ombre du doute
En terme de souffrance au travail, il me semble qu’il existe un paradoxe français : la France est le pays où la thématique est la plus médiatisée et pourtant la souffrance au travail serait la plus présente et les entreprises les moins informées (1).
Il en va de même pour le « burnout », maladie réactionnelle causée par une exposition à un stress professionnel prolongé. Pour notre communauté, la chose parait évidente mais force est de constater que la chose ne va pas de soi puisque le doute subsiste encore dans de nombreux esprits.
Peau neuve
Vous êtes nombreux à me demander comment j’ai fait pour m’en sortir, pour retravailler, quel traitement on m’a prescrit à l’époque.
D’autres témoins me racontent leur nouvel emploi du temps, celui de l’arrêt maladie (une parenthèse de culpabilité) et me demandent mon avis.
Mon seul mérite : avoir été malade à une époque où la maladie « burnout » n’était pas médiatisée. Une chance car les marchands de bien-être en entreprise n’avaient pas encore jeté un voile bien opaque sur nos maux, entrainant dans leur sillon coaches et autres gourous du développement personnel.
Alors je me permets un petit partage d’expérience, entre vous et moi.
Travailler après un « burnout »
Malgré le retentissement sur leur vie personnelle, la plupart de nos témoins n’ont qu’une envie : retravailler et retrouver leur vie d’avant. Il me semble que ce désir très puissant distingue cet épuisement très particulier de la dépression, caractérisée principalement par des désordres émotionnels, une tristesse prolongée et la perte de plaisir.
Le souvenir de ce plaisir de travailler et les projets sont bien présents. Mais le corps peut-il suivre ? Et vers quel emploi s’orienter ?
Quel diagnostic ?
La petite phrase
« Tant que tu peux l’éviter, ne sollicite pas de diagnostic. Les mots fixent un destin ».
Extraite d’un livre dont je viens à peine de commencer la lecture et qui n’a rien à voir avec la maladie qui nous préoccupe : Pressentiment d’Andrea Canobbio (collection NRF Essais, Gallimard).
Cette phrase m’a plongée dans un abîme de doutes : ai-je raison de militer pour le diagnostic ? de suivre de près les travaux des chercheurs étrangers ?
Après tout qui suis-je ? juste une ancienne malade, une personne de bonne volonté qui voudrait rendre un peu de l’aide que l’on lui a donnée à une époque où le «burnout » n’étant pas médiatisé.
Et puis je reçois les messages de deux femmes qui ont illuminé ma semaine, deux femmes qui se battent et n’abdiquent pas.
Reconnaître la réalité du syndrome
Ce billet est dédié plus que jamais à Hervé C., Aurélie B., et Anne T.
La petite phrase
« Je ne sais pas ce que vous avez. Je ne sais pas trop quoi vous dire, si je vous envoie à…, vous allez vous retrouver chez les toxicomanes, si je vous envoie chez…, vous aurez droit aux malades psychiatriques. Restez chez vous et passez me voir dans une semaine. »
Inutile de décrypter. Cette phrase a été prononcée par mon médecin traitant lorsque j’ai vécu l’effondrement du syndrome d’épuisement professionnel. A l’époque, heureusement pour moi, la maladie n’était pas tant médiatisée.