Clarification !
Avez-vous la moindre idée de la question qui nous est le plus souvent posée ? Non ? C’est toujours une question du style « je suis épuisée à cause de mon travail, que dois-je faire ? « .
La question est en général agrémentée des symptômes physiques les plus répandus et des conditions de travail qui en sont à l’origine.
Un travailleur atteint par une autre pathologie se poserait-il la question ? Non, il se rendrait chez son médecin traitant, qui au vu des symptômes et de l’état de santé, poserait un diagnostic, prescrirait des soins, ainsi qu’un arrêt de travail. Diagnostic – Traitements – Pronostic.
Besoin de clarification
C’est avec ce prétexte que de nombreux acteurs médiatisés se sont invités dans le débat du « burnout ». Chacun d’entre eux, sans doute en quête d’audiences ou de notoriété, souhaite revendiquer sa part d’expertise du « burnout ».
En tête, celui qui a contribué largement à la médiatisation en France (avec une étude plus qu’approximative sur le sujet), que je nomme le désastrologue et son concurrent historique remontant jusqu’au prophète Elie… Les deux protagonistes sont des spécialistes de la prévention des risques psychosociaux, cette discipline qui mélange les causes et les conséquences (harcèlement et « burnout » par exemple).
Un autre expert autoproclamé, qui tout en dénonçant l’effet d’aubaine, explique, sans rire, que le « burnout » n’est pas une maladie mais (je résume) qu’une médicalisation permet au travailleur en « burnout » de bénéficier d’une forme de reconnaissance contrairement à celui qui souffrirait d’une dépression. Dans un seul souffle, il ajoute que le « burnout » fait l’objet d’une définition de la communauté scientifique, qu’il n’a jamais pour origine le travail seul, qu’il est multifactoriel, par conséquent, il ne faut pas faire payer l’entreprise pour un ma dont il n’est pas responsable.
On attend le summum du n’importe quoi ! Pourtant, l’intention affichée de ce personnage est d’apporter une clarification, comme il le clame depuis la parution de son dernier livre. Effet d’aubaine n’est-ce-pas ! Le « burnout à but lucratif » a de beaux jours devant lui.
Echec sur toute la ligne compte tenu des questions qui nous parviennent depuis près de 2 ans maintenant et du parcours du combattant de près de nos 550 témoins à ce jour.
Le burnout, une maladie
Ces thèses dangereuses ayant été exposées jusqu’au Sénat, il est urgent de mettre les choses au point sur la maladie et sur notre positionnement :
La définition « psychologique » ressassée sur tous les tons n’est pas le résultat d’une étude épidémiologique et n’a pas été réalisée par la communauté médicale (je rappelle que la psychologie/la psychiatrie ne sont pas reconnues comme des disciplines scientifiques et que la maladie n’est pas enseignée en Faculté de médecine mais en école de management).
La dépression fait l’objet d’une définition très précise (critères, durée, traitement), il s’agit d’une maladie officielle dont la critériologie permet déjà aujourd’hui de procéder à un diagnostic différentiel dépression/burnout.
Notre définition du burnout correspond à notre réalité : définition proposée.
La recherche médicale permettrait un diagnostic précoce, médical et fiable qui, en plus d’éviter les séquelles de la maladie, permettrait de prescrire la prise en charge à un sujet en « burnout » ou en dépression, les pathologies étant distinctes de part leur origine et leurs symptômes. Une grille de repérage diagnostic est essentielle pour la prise en charge médicale et le parcours des soins. Point !
Une entreprise qui n’a pas pris les mesure pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs peut être recherchée en responsabilité. La soi-disant médicalisation du « burnout » n’y changera rien. Aucune ambiguïté !
La communauté scientifique : je ne sais ce qui se cache derrière ce terme mais les résultats des études, médicales cette fois, dont nous disposons montrent clairement que la très grande majorité des personnes touchées par le « burnout » n’avaient aucun antécédent médicaux avant cette manifestation. Il est aussi question de toutes les perturbations générées par une longue exposition au stress et qui expliquent les séquelles, les plus souvent physiques, qui sont communes à une grande partie de notre communauté.
Etudes et étude !
Nous venons d’être sollicités par un cabinet d’audit pour contribuer à une étude commanditée par des psychiatres qui interviennent en entreprises…
J’en frémis encore … Ces spécialistes de la manipulation de cerveaux profitent de la manne de la prévention des risques psychosociaux et du « burnout » donc pour se payer une étude et mieux vendre les outils de prévention en entreprises !
Alors à qui profite l’effet d’aubaine ? Pas aux malades en tous cas, qui ne reconnaissent plus leurs corps (le corps s’exprime avec ses maux à lui…), qui ne savent pas à qui s’adresser dans l’entreprise et en dehors, car cette sur-médiatisation n’a rien clarifié du tout. Ecoutez-bien ces interviews : pas un mot sur les malades et leur réalité. Elle ne sert qu’à vendre ouvrages et études souvent bidon.
En plus de sa participation au groupe de travail visant à améliorer la prise en charge des malades, pour la première fois en France, l’AFBO va lancer une étude visant à mieux comprendre cette maladie évolutive et d’origine strictement professionnelle.
Dans l’attente de vous en dire plus, n’hésitez pas à nous soutenir, il y a urgence !
Merci à tous.
Auteur : Léa Riposa
Publié le 2 octobre 2016.